Bon et mauvais management : le leadership dans les TP

Transports publics

Bon et mauvais management : le leadership dans les TP

Le congrès annuel de la branche Transports publics de transfair s’est tenu le 7 novembre à Thoune. Thème principal : le leadership. Les CEO de BLS et des Chemins de fer Appenzellois ainsi que le responsable RH des CFF étaient de la partie.

Bruno Zeller
Les participants dans la salle de cinéma votent sur différents sujets ; la plupart ont levé la main

En bref

  • Le congrès annuel de la branche Transports publics de transfair qui a eu lieu le 7 novembre était dédié au thème du leadership.
  • Leonardo Spata des CFF a vanté les mérites de l’authenticité et des frictions dans le travail d’équipe.
  • L’après-midi, Markus Jordi, responsable RH des CFF, Daniel Schafer, CEO de BLS, et Thomas Baumgartner, directeur des chemins de fer Appenzellois, ont abordé avec la présidente de transfair Greta Gysin et le responsable de branche Bruno Zeller l’imperméabilité des hiérarchies et la culture de l’erreur.

Aucun film n’est projeté aujourd’hui dans la salle 5 du cinéma Rex à Thoune. Mais ce jeudi, il y a tout de même du suspense, des émotions et des dialogues pointus. Le cadre : le congrès 2024 de la branche Transports publics de transfair. Le thème principal : le leadership – bon et mauvais management d’entreprise.

Des thèmes qui préoccupent transfair et les TP

Le responsable de la branche, Bruno Zeller, commence par un aperçu des thèmes passés et actuels qui préoccupent transfair : 

  • Libéralisation du transport ferroviaire international de voyageurs : « Notre principale préoccupation est de garantir de bonnes normes sociales également chez les éventuels prestataires étrangers », dit Zeller. Il existe à cet effet une directive de l’Office fédéral des transports. « Celle-ci est très maigre et doit être enrichie. L’idéal serait que les normes atteignent le niveau de la CCT CFF. »

  • Des moyens financiers limités : la Confédération a alloué moins de moyens qu’espéré pour compenser les pertes enregistrées sur le trafic grandes lignes en raison du Covid. De plus, elle entend investir trop peu dans les transports publics au cours des prochaines années, que ce soit dans le maintien de la qualité des infrastructures ferroviaires ou dans le transport de marchandises selon la nouvelle loi sur le transport de marchandises. « Et il est également prévu de faire des économies sur le transport régional de voyageurs », indique Zeller. transfair est contre.

  • Négociations salariales 2025 : transfair s’est fixé comme objectif des augmentations salariales de 2 à 3 pourcent. Les négociations avec les CFF ont d’ores et déjà commencé. « Comme on pouvait s’y attendre, les positions des partenaires sociaux sont très éloignées les unes des autres », dit Zeller.

  • Plus de sécurité dans les transports publics : transfair est partenaire de la campagne CFF pour plus de respect dans les transports publics. Celle-ci démarre actuellement. « Il faut renforcer les services de sécurité comme la police des transports des CFF », déclare Zeller.

 Tu trouveras davantage d’informations sur les affaires courantes de transfair ici.

« Nous devons nous disputer au sujet des valeurs ! »

Après les informations fournies par le responsable de branche, c’est maintenant au tour des quelque 70 personnes présentes au congrès de jouer : par un vote, elles acceptent l’ouverture de la manifestation annuelle à tous les membres et confirment le comité de branche actuel. Ces deux décisions sont prises à la quasi-unanimité.

Ensuite, Leonardo Spata, responsable de la formation continue des cadres CFF, vante dans un exposé les mérites de moins d’harmonie. Il ne fait évidemment pas référence au vote en salle, mais à la communication entre collaboratrices, collaborateurs et cadres. « Les désaccords sont autorisés – ils font naître l’authenticité », affirme Spata avec conviction. Il a lui-même été un employé peu commode qui s’est disputé avec son chef au sujet des objectifs à atteindre. Ce chef a alors fait de lui son adjoint. « Il m’a donné la responsabilité de participer à l’élaboration des objectifs. Cela m’a marqué. »

Spata forme aujourd’hui les cadres des CFF à la communication et au leadership basé sur les valeurs. Les valeurs d’entreprise des CFF ne constituent que la base. « Nous devons nous disputer au sujet des valeurs, c’est ainsi qu’elles prennent vie ». Finalement, nous avons tous des interprétations différentes, selon les situations de vie et les besoins. C’est seulement si les cadres entrent en dialogue avec leurs collaborateurs et collaboratrices que l’objectif commun peut être atteint : amener les personnes et les biens à destination en toute sécurité.

Quelle est la qualité du leadership aux CFF, Monsieur Jordi ?

Mais qu’en est-il de la qualité du leadership aux CFF sur une échelle de 1 à 10 ? « Entre 7 et 8 », répond Markus Jordi, responsable RH CFF, lors de la table ronde de l’après-midi. Il s’appuie sur les résultats de la dernière enquête auprès du personnel. Daniel Schafer, CEO de BLS, et Thomas Baumgartner, directeur des chemins de fer Appenzellois, donnent un score de 8. En fait, il s’agit même d’un 8,5, précise Baumgartner. Le management serait bien évalué chez les chemins de fer Appenzellois. « Nous avons du retard à rattraper sur d’autres points ».

« Au niveau du groupe, la situation a toujours l’air formidable », lance le responsable de branche Bruno Zeller. « Mais dans les différents secteurs et équipes, nous constatons d’énormes problèmes avec les cadres ». Jordi rétorque : « Les CFF comptent environ 3500 cadres. Si 350 ne font pas bien leur travail, cela ne représente que dix pourcent ».

La culture de l’erreur a ses limites

Tout le monde est néanmoins d’accord pour dire qu’il existe une certaine imperméabilité entre les hiérarchies, en particulier dans les grandes entreprises que sont les CFF et BLS. Chez BLS, par exemple, les erreurs de gestion ne remontent souvent pas à la surface. « Il y a une peur extrême de faire des erreurs », explique Daniel Schafer. Les erreurs sont donc dissimulées. « Je ne vois rien d’autre ici que de développer la culture et de dire : 'Vous avez le droit de faire des erreurs, mais vous devez en tirer des leçons !’ » Dans une branche où les erreurs peuvent être fatales, la culture de l’erreur a toutefois ses limites. « Certaines erreurs ne doivent pas se produire », déclare Schafer. « D’autres au contraire peuvent tout à fait arriver. J’en fais tous les jours ».