Entretien avec Valentin Lagger, responsable de la hotline coronavirus
En tant que responsable de la hotline coronavirus du SECO, Valentin Lagger a eu fort à faire.
En tant que chef du secteur inspection fédérale du travail au SECO, tu supervises l’application cantonale de la Loi sur le travail. Comment le coronavirus a-t-il changé ton travail quotidien ?
Comme dans beaucoup de domaines, la lutte contre le virus a été la priorité dans mon travail. Nous avons dû rapidement mettre sur pied des concepts de protection qui ont permis d’éviter au mieux la transmission du virus au travail. Nous avons élaboré des mesures de protection spécifiques et veillé à ce que les cantons les appliquent. Il était également très important de fournir une information rapide et complète.
Quel a été le changement le plus important pour toi ?
Clairement le travail à domicile. Soudain, nous travaillions tous à la maison et devions revoir notre collaboration. Mais tout s’est extrêmement bien passé. Tous les collaborateurs ont fourni des efforts et se sont immédiatement habitués aux nouvelles formes de coopération.
Le 17 mars 2020, le conseiller fédéral Guy Parmelin a lancé la hotline corona sur le droit du travail. C’était un sacré défi pour vous. Comment avez-vous réussi à maîtriser cette tâche ?
Nous y sommes arrivés parce que nous sommes une super équipe et parce qu’en un rien de temps, 220 personnes ont répondu à notre appel à l’aide interne pour gérer la hotline coronavirus. Grâce à la grande solidarité et la coopération rapide et simple, nous avons pu mettre en service la hotline deux jours plus tard. C’était un incroyable travail d’équipe. J’en suis extrêmement fier !
La hotline corona du SECO a fonctionné pendant près de 18 mois. Quels ont été les défis à relever durant cette période ?
Nous avons répondu à plus de 45'000 appels et plus de 28'000 mails. Le plus grand défi a été de traiter dans un court laps de temps toutes les informations nécessaires et disponibles afin de les mettre à la disposition des personnes qui s’occupaient de la hotline. Et puis nous devions toujours trouver des réponses à de nouvelles questions – aussi en collaboration avec d’autres départements. Cela a fonctionné presque sans accroc, la solidarité au sein du SECO ainsi que dans l’ensemble de l’administration fédérale était unique.
Un autre défi était de rendre de nombreuses informations disponibles en peu de temps et en trois langues. Pour répondre aux mails, nous avons créé des équipes thématiques, réuni les réponses dans un énorme fichier Excel traduit en trois langues. Pour la hotline téléphonique, nous avons travaillé au début avec trois équipes, de 7h à 20h. Dans chaque équipe, il y avait 20 personnes qui parlaient trois langues.
L’indemnisation en cas de réduction de l’horaire de travail relève également du SECO. Qu’est-ce qui a changé à ce sujet ?
Pendant la pandémie, l’indemnisation en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT) a été l’instrument qui a permis de compenser les pertes de revenu. En 2020, quelque 10 milliards de francs ont été versés à titre de RHT. Il n’y en avait jamais eu autant. Mais il était juste et important d’employer cet instrument. Car pendant le corona, de nombreuses personnes n’ont pas pu travailler du tout, ou ont travaillé beaucoup moins. L’indemnité RHT permet de couvrir une partie des coûts salariaux. Cela a largement permis d’éviter des licenciements en raison de la perte de travail due au coronavirus.
Vous avez également été mis à contribution lorsque le conseiller fédéral Ueli Maurer a annoncé des crédits rapides pour les entreprises en mars 2020.
C’est exact. Dans la conférence de presse du Conseil fédéral du vendredi 20 mars 2020, il a annoncé que les entreprises allaient pouvoir solliciter leur banque pour obtenir un crédit, dès la semaine suivante. En seulement quelques jours, nous avons défini des procédures en collaboration avec le secteur bancaire et mis en place un système informatique à travers lequel ce sont finalement plus de 16 milliards de francs de prêts remboursables qui ont été versés. Il est impressionnant que nous ayons pu mettre sur pied un tel système en si peu de temps. Ici aussi, la collaboration a été très solidaire. Nous avons tous travaillé quasiment jour et nuit pour aider ceux qui se sont retrouvés en difficulté à cause du coronavirus.
Et maintenant ? Quelle est la suite ?
Le dicton suivant l’illustre bien : les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. L’économie s’est relativement bien rétablie jusqu’ici. Mais la suite dépend de nombreux facteurs différents. Et notamment de nous : durant les premiers mois de la pandémie, nous avons tous été solidaires et avons tout fait pour compenser les pertes dues à la crise, pour nous en sortir. Mais la crise n’est pas terminée. Nous devons continuer à faire preuve de solidarité. Même ceux qui sont un peu fatigués depuis le temps.
Tu es membre de transfair depuis près de 20 ans ! Pourquoi transfair ?
Je veux m’engager pour de bonnes conditions de travail et j’aime le rôle que joue transfair : transfair est là lorsqu’il s’agit de conseiller et de soutenir des personnes dans des situations individuelles, et transfair a également apporté sa contribution au dialogue social.